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ANNE-GAËLLE AMIOT

Valise de billets en Suisse, fondation opaque au Panama : Juan Carlos, désarroi d’Espagne

Par  (Madrid, correspondante)
Publié le 27 mai 2020 à 00h53, modifié le 11 juin 2020 à 11h24

Temps de Lecture 14 min.

Une valise de billets. Un vieux roi dévoré par la passion des femmes et de l’argent. Une aristocrate allemande peut-être trop bavarde. De généreuses donations des pays du Golfe. Un gestionnaire de fonds et un sulfureux avocat à Genève. Sans oublier une fondation opaque, domiciliée au Panama… Tous les ingrédients d’un thriller politico-financier sont réunis dans le scandale qui frappe la monarchie espagnole depuis début mars. Les révélations sur la fortune cachée du « roi émérite » Juan Carlos en Suisse, où un procureur enquête depuis deux ans sur des soupçons de blanchiment, n’en finissent pas de salir la couronne et d’éclabousser son fils, Felipe VI.

Pour calmer le jeu, ce dernier a décidé de retirer à son père les fonds officiels qui lui sont alloués (195 000 euros par an). Après être apparu comme le deuxième bénéficiaire de la fondation utilisée par ce dernier pour occulter son patrimoine, il a aussi renoncé à tout héritage futur.

Rien n’y a fait : malgré ces efforts, le jeune roi, désireux d’incarner le renouveau de la monarchie espagnole depuis l’abdication de son père en 2014, n’a pas échappé au tintamarre des casseroles, le 18 mars, sur de nombreux balcons d’Espagne. Une protestation doublée du boycottage de l’allocution télévisée royale qui, au même moment, était censée donner du courage au pays. « Si la crise sanitaire n’était pas si grave, on ne parlerait de rien d’autre en Espagne », résume le politiste Pablo Simon.

Les faits rapportés au procureur suisse Yves Bertossa par leurs principaux acteurs, lors d’interrogatoires menés en 2018 – et révélés par le quotidien El Pais grâce à des fuites de la commission rogatoire entre les deux pays –, sont accablants.

Le gestionnaire de fortune de Juan Carlos, Arturo Fasana, dirigeant de la société Rhône Gestion, raconte ainsi qu’au mois d’avril 2010, celui qui était alors encore le chef de l’Etat espagnol s’était rendu à son domicile à Genève avec une mallette contenant 1,9 million de dollars (1,74 million d’euros) en espèces. Un simple « cadeau » de l’émir de Bahrein, lui aurait dit le roi, qui avait effectivement rencontré Hamad Ben Issa Al-Khalifa quelques semaines plus tôt à l’occasion d’un grand prix de Formule 1. Devant le magistrat, M. Fasana ne s’émeut guère de cette générosité. « Juan Carlos est une personne appréciée dans les pays du Golfe », explique-t-il. A l’entendre, la visite du souverain n’avait qu’un but : placer cet argent dans la banque Mirabaud, sur le compte de la fondation Lucum.

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