Espagne : violations des droits de l'homme et poursuites politiques

Concernant notre organisation (ANC): Jordi Sànchez, en qualité de notre président, a été incarcéré, ainsi que Jordi Cuixart, le président de notre organisation sœur de la société civile Òmnium Cultural, pour avoir défendu le droit de manifester.

Le 20 septembre 2017, des manifestations spontanées ont éclaté à Barcelone. La Guardia Civil, police militarisée, effectuait des descentes dans les bureaux du gouvernement catalan tôt dans la matinée de ce jour-là. Lorsque les gens ont pris conscience de ces actes, ils sont sortis pour protester. Comme la loi espagnole, introduite par le gouvernement de Mariano Rajoy et toujours en vigueur (la loi Gag ou Ley Mordaza par exemple), est excessivement répressive contre les manifestations, l’ANC a communiqué au ministère de l’Intérieur – à 10 h 23 – son intention de manifester devant le ministère catalan de l’Économie, où se déroulait la plus grande partie des protestations. Ainsi, l’ANC a protégé les manifestants contre des poursuites et des amendes démesurées et s’est en même temps rendue responsable de cette manifestation. Bien qu’il n’y ait pas eu de violence et que Jordi Sànchez et Jordi Cuixart aient demandé à la foule pacifique de se disperser discrètement et de rentrer chez elle, après une médiation avec la commission judiciaire et la Guardia Civil, ils sont maintenant détenus pour sédition et rébellion, ce qui implique une fois de plus que la violence a été impliquée. Ces arrestations sont excessives et clairement motivées par des considérations politiques.

Avant le référendum du 1er octobre, nos sections locales ont vu la police confisquer du matériel de campagne sur l’indépendance – même des t-shirts portant juste un SI (YES) -, démonter des stands de campagne, le tout sans décision de justice spécifique. Le 20 septembre 2017, un membre du conseil national de l’ANC a été arrêté, sa voiture a été fouillée et des gilets de volontaires, des banderoles et des prospectus ont été confisqués, comme cela s’est produit dans des centaines de situations dans tout le pays où des membres de notre organisation ont été identifiés et intimidés par les forces de police simplement parce qu’ils manifestaient leur volonté de voter. Le 25 septembre, notre site web a été bloqué sur ordre de la Guardia Civil, dans une tentative évidente de censurer la société civile. Nous n’avons jamais reçu de décision de justice ni de notification, car la Guardia Civil a agi en vertu d’une décision de justice générale et discrétionnaire, qui lui confère des pouvoirs de censure excessifs. C’est ce qui s’est passé pour plus de 140 autres sites web. Le 1er janvier, notre site a été à nouveau accessible, sans aucune notification. La Guardia Civil agit comme une force de police politique qui a carte blanche pour censurer la société civile à sa guise.