Les différents partis indépendantistes de Catalogne ont, dimanche 14 février, remporté assez de sièges pour renforcer leur majorité au parlement régional.
Après le dépouillement de près de 100 % des bulletins, les indépendantistes ont dépassé pour la première fois les 50 % des voix lors d’un scrutin régional. Lors du dernier en 2017, ils avaient totalisé 47,5 %. Et avec 33 sièges pour Gauche Républicaine de Catalogne (ERC), 32 pour Ensemble pour la Catalogne (JxC) de l’ex-président régional Carles Puigdemont et 9 pour les radicaux de la CUP, ils renforcent leur majorité avec 74 sièges contre 70.
Toutefois, c’est l’ancien ministre de la santé, Salvador Illa, qui est arrivé en tête avec environ 23 % des voix et 33 sièges sur les 135 que compte le parlement régional. Envoyé à Barcelone par Pedro Sanchez pour écarter les indépendantistes du pouvoir qu’ils occupent depuis 2015, il a toutefois manqué son pari.
Alors que les partis séparatistes se sont engagés par écrit à ne pas sceller d’accord avec lui, M. Illa ne pourra a priori pas compter sur les voix nécessaires au parlement catalan pour se hisser à la présidence de cette riche région du nord-est de l’Espagne, peuplée de 7,8 millions d’habitants. « Le changement est là pour rester en Catalogne », a-t-il insisté en annonçant qu’il serait candidat à la présidence malgré ses faibles chances.
Une difficile coalition chez les indépendantistes
Pour remporter ces législatives, les indépendantistes doivent désormais dépasser leurs divergences pour sceller un accord de gouvernement. Le scénario le plus probable est que les deux principaux partis séparatistes reconduisent leur coalition gouvernementale sortante.
Arrivé devant JxC, le candidat d’ERC, Pere Aragones, apparaît en position de force pour devenir le prochain président régional.
« Le pays débute une nouvelle ère avec [les séparatistes] dépassant pour la première fois les 50 % de suffrages (…) Nous avons une force immense pour réaliser un référendum et une république de Catalogne », a déclaré Pere Aragones, appelant le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez à entamer des discussions sur un référendum.
La région est actuellement gouvernée par une coalition entre JxC, parti prônant la confrontation avec Madrid, et ERC, plus modéré et soutien de Pedro Sanchez au parlement espagnol.
Vox (extrême droite) fait, quant à lui, son entrée au Parlement régional, avec 11 sièges, se classant devant le Parti populaire (PP), principal parti de la droite espagnole, et le mouvement centriste Ciudadanos. Vox est déjà le troisième parti du Parlement national.
Une forte abstention
Cette année, la campagne électorale est restée largement centrée autour de la gestion de la crise sanitaire. La Catalogne est l’une des régions les plus touchées d’Espagne par le coronavirus, avec près de 10 000 morts.
Par crainte du virus, les électeurs se sont peu déplacés et l’abstention a atteint 53 % contre 79 % lors du précédent scrutin en 2017. Le gouvernement régional avait décidé de repousser le scrutin à fin mai en raison de la pandémie mais la justice est intervenue pour rétablir la date initiale.
Ces élections se sont déroulées un peu plus de trois ans après l’échec d’une tentative de sécession marquée par l’organisation, le 1er octobre 2017, d’un référendum d’autodétermination interdit par la justice et émaillé de violences policières dont les images avaient fait le tour du monde. Le chef du gouvernement catalan de l’époque, Carles Puigdemont, est toujours en exil en Belgique et neuf dirigeants indépendantistes ont été condamnés en 2019 à des peines allant de neuf à 13 ans de prison.
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